Nous avons atterri à Santiago du Chili depuis la France dans la soirée du jeudi 17 octobre 2019. Le vendredi 18 octobre commençaient des affrontements entre la population chilienne et les forces de l’ordre. Le lendemain, le gouvernement décrétait l’état d’urgence. Les émeutes ont été déclenchées après l’augmentation des prix des transports dans la capitale, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les chiliens expriment un ras le bol général face à la politique sociale du pays (santé, transports, éducation, retraites…).
Nous avons passé une semaine à Santiago puis Valparaiso dans cette atmosphère explosive.
On tient à préciser que nous ne nous sommes pas sentis en danger. Nous n’avons jamais eu peur de nous faire attaquer ou maltraiter. Les chiliens sont en colère contre leur gouvernement et luttent contre ses représentants, notamment l’armée. Nous étions dans une situation inconfortable mais nous n’avons jamais eu peur d’être victimes de violences.
Santiago, une capitale en colère
Nous n’avons pas compris tout de suite ce qui se passait. Le vendredi, nous nous baladions dans la ville et avons remarqué des attroupements autour des stations de métro, certaines fermées… Et puis dans l’après-midi, au détour d’une rue, on s’est pris les restes de gaz lacrymogène dans la figure (ça pique). Pour être honnêtes, à ce moment là, ça ne nous a pas inquiétés plus que ça, les débordements, ça arrive (et d’ailleurs en France on n’est pas les derniers).
Notre logement n’était pas en plein centre, alors le soir on a entendu qu’il y a avait de la mauvaise animation mais on s’est endormis très vite (hello le jetlag).
Le samedi, après s’être un peu renseignés, on s’est rendu compte que c’était peut-être quelque chose de plus profond (et qu’on allait devoir éliminer l’option métro). On a quand même passé la matinée comme prévu dans le parc du Cerro San Cristobal, touristique et sans marque de violence.
En redescendant dans la ville, en milieu d’après-midi, c’était une toute autre ambiance : feux, attroupements, bruits, fumées de gaz lacrymogènes, armée…
On a dû faire des détours par des petites rues (et courir pour éviter de se faire gazer) afin de rentrer à notre logement.
Il était prévu que nous partions à Valparaiso le lendemain, nous avons hésité. La situation avait quand même l’air plus calme là bas, alors on a suivi notre programme. On a rejoint la gare routière bondée en taxi (en traversant les grands axes de Santiago dévastés), réussi à avoir un bus après plusieurs heures d’attente et nous sommes arrivés à Valparaiso en fin de matinée qui était sans trace de manifestations.
Valparaiso, le feu en bord d’océan
Après nous être installés dans notre logement, The Lift, on a commencé à découvrir la ville, notamment le bord d’océan avec sa petite colonie de lions de mer.
Et puis ça a commencé à chauffer au milieu de l’après-midi, comme à Santiago, avec des attroupements et des feux.
Dans le centre de la ville, on a été témoins des stigmates des confrontations et de la situation de crise du pays : magasins fermés après des pillages, longues files d’attente pour retirer de l’argent, bâtiments calcinés…
On s’est rendu compte que les manifestations avaient lieu seulement à partir de 16h, alors les deux jours suivants, on est sortis seulement le matin, pour découvrir (tout de même), les oeuvres de street art et les Barrio qui représentent Valparaiso.
Le soir, dans le quartier où nous étions, ce sont des scènes plus émouvantes que nous observions : les chiliens, en famille, des grands-parents au dernier né, assis sur les marches, tapant sur des casseroles pour protester de manière pacifique.
Nous avions initialement prévu de continuer notre route vers le sud du Chili. Le mouvement s’intensifiant et se propageant à tout le pays, nous avons décidé de nous rendre en Argentine.
Même si ça n’a pas été simple, que nous avions imaginé différemment le début de notre aventure en Amérique Latine, nous ne gardons pas particulièrement de mauvais souvenirs de ces quelques jours tendus. Nous avons l’impression d’avoir assisté à une partie de l’histoire du Chili et on espère pour ses habitants que la situation politique évoluera.
Malgré cette expérience particulière, nous n’avons pas gardé une mauvaise image du pays. La preuve, moins de 10 jours plus tard, alors que le combat continue à Santiago et Valparaiso, nous repassions la frontière pour découvrir la Patagonie chilienne pour le coup beaucoup plus calme !